7 juil. 2024

Critique

Funny games ou quand l’horreur repousse ses limites

7 juil. 2024

Critique

Funny games ou quand l’horreur repousse ses limites

Poster film Funny Games
Poster film Funny Games

Sorti en salle en 1997, le long-métrage autrichien de Michael Haneke est un choc dans le monde cinématographique. L’œuvre mêle violence et dérangeant dans un thriller qui ne peut laisser le spectateur indifférent…

Torture psychologique, enlèvement, flaques de sang ; Funny Games c’est l’œuvre controversé, qui claque et détonne. Le pitch, un couple Greg et Anna visitent leur maison de vacances accompagnées de leur fils Schorshi. Là, on pourrait se dire que c’est le début d’un film d’horreur classique. Néanmoins, tout comme le couple, le spectateur, amateur de films d’horreur va être piégé. La famille va être retenue captive par un étrange duo : Paul et Peter. Ici, rien ne se passe comme prévu.

Méfiez-vous des apparences

« Là-dessus, au fond des forêts

 Le Loup l’emporte, et puis le mange,

Sans autre forme de procès. »(Jean de La Fontaine, Le Loup et l'Agneau)

Cette fable résonne étrangement avec le cauchemar éveillé que propose Michael Haneke. Vêtus de blanc, couleur traditionnellement associée à l'innocence, Peter et Paul n'en sont que plus inquiétants.

Peter, sous des dehors policés, réclame des œufs à Anna. Une demande anodine qui se répète, les œufs s'écrasant au sol à chaque fois. Cette scène, absurde et répétitive, est le prélude à une torture psychologique insoutenable pour Anna, mais également pour le spectateur. Le téléphone, symbole de lien avec l'extérieur, finit noyé dans l'évier. L'arrivée de Paul, complice de ce jeu cruel, scelle l'intrusion. Les codes de la propriété sont brisés, l'espace privé devient un terrain de jeu pour ces bourreaux en apparence inoffensive.

1,2,3 c’est toi le chat

Funny Games est un jeu cinématographique total, une expérience dérangeante qui brise le quatrième mur et défie le spectateur. Les regards caméra déroutants, les adresses directes aux spectateurs, nous impliquent malgré nous dans cette violence. On devient les témoins forcés de cette souffrance, sans aucune échappatoire possible.

Qui va mourir en premier ?

Haneke joue avec nos attentes, nos espoirs. Il nous fait parier sur le sort des personnages. Nous sommes dans l’incertitude. Dans la dernière partie du film, la télécommande, symbole du contrôle, devient un instrument de torture. Elle manipule le temps, le met sur pause, le rembobine, brouillant les repères et nous laissant désorientés. Les "méchants" ont le contrôle total, et la famille, symbole de l'innocence, est piégée dans ce cauchemar sans issue.

Le mal triomphe toujours

Il n’ya pas de réelle vendetta dans cette œuvre. Les tueurs ne semblent pas avoir de but précis. La famille est comparable à des animaux en cage. La torture est un plaisir. Comme en témoigne cette citation dans le film « Pourquoi vous faites ça ? » Et le tueur déclare au père de famille : « Pourquoi pas ? »

Ce jeu du chat et de la souris, mais entre humains, dépasse l’entendement et nous fait réfléchir à notre si fragile, condition humaine.

Marion Cornelie

Tout sur le Cinéma d'horreur

Marion Cornelie

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